Depuis quelques semaines, les médias de masse se sont souvenus de l'existence d'élections l'année prochaine. Il s'agit des élections européennes qui auront lieu dans tous les pays de l'Union Européenne sur une période de quelques jours et qui serviront à déterminer qui siègera au Parlement Européen. Ces élections intéressent généralement peu les français (il faut remonter à 1994 pour que la participation dépasse 50%) qui doivent avoir bien du mal à citer le nom de leurs représentants européens. Cependant la semaine dernière, après le remaniement du gouvernement, on a pu entendre sur plusieurs plateaux et lire dans plusieurs journaux une idée selon laquelle le nouveau gouvernement serait un gouvernement "préparé pour les européennes", "taillé pour les européennes" ou autre bizarrerie. Le raisonnement est assez peu compréhensible pour les personnes qui n'ont pas la chance d'être invitées sur le plateau de BFMTV. En effet, en quoi remplacer un vieil ancien élu socialiste par un jeune ancien élu socialiste et rajouter cinq secrétaires d'état aurait une influence sur les scrutins ? De plus, c'est oublier la vraie raison du remaniement : un ministre avait envie de participer aux élections municipales (tout comme une bonne partie du gouvernement), pas aux européennes dont tout le monde se fout. Les élections municipales sont, elles, plébiscitées par les électeurs et voient des forts taux de participation, la plupart des gens connaissent même le nom (voire même le prénom) de leur maire. Il semble donc logique d'accorder plus d'importance aux élections municipales qui ont un plus fort impact sur la vie des français et où il y a déjà des candidats. On rappelle à nos lecteurs qu'aucun grand parti n'a encore désigné sa tête de liste (à l'exception de Nicolas Dupont-Aignan qui se présente sur une liste d'union (sic)). Malheureusement, lors de son allocution mardi dernier, notre valeureux président a prononcé plusieurs fois le mot Europe. Cette allocution avait pour objectif (d'après nos commentateurs) d'expliquer le remaniement ce qui a conforté les experts dans leur délire. Sans parler du remaniement ou du gouvernement, il est clair que notre président est obsédé par ces élections européennes. Il a déjà trouvé une super accroche : l'affrontement entre les progressistes (Macron) et les
extrèmes (ou nationalistes ou populistes ou les méchants selon les versions). Les méchants nationalistes ont eux aussi adopté la réthorique (notamment le néofasciste italien) et laissent aussi croire que les élections ont le pouvoir de bouleverser l'Europe. Pour décider si ces élections ont une importance, des courageux journalistes ont décidé d'interroger un de nos anciens présidents, Valery Giscard d'Estaing, qui à l'âge de 92 ans, a acquis une grande sagesse pour répondre à cette question. Voilà ce qu'il en dit :
"Il ne faut pas se tromper, ce ne sont pas des élections très importantes car le parlement européen n'est pas très important. [...] C'est nous, je dirais presque moi, qui avons fait ce parlement en 1976. Son rôle est simplement de vérifier que les textes proposés par la Commission sont conformes aux traités, c'est tout. Il n'a pas de pouvoir politique, pas de pouvoir de diriger l'Europe."
Ces propos se passent de commentaire. (20/10/2018)
Notes
* Techniquement, Europe Ecologie Les Verts a désigné une tête de liste pour les européennes en la personne de Yannick Jadot. Mais peut-on le considérer comme un grand parti ?