Se connecter | S'inscrire

Le film chrétien dans toute sa splendeur

Illustration de l'article
Si vous voyez l'image ci-dessus, vous comprendrez assez aisément la sensation qui nous envahit lorsque nous assistons à cette tragédie. Si vous ne voyez pas l'image ci-dessus, je vous conseille d'actualiser la page et, si ça ne résout pas votre problème, de télécharger un navigateur plus récent.

J'avais commencé à avoir des doutes lorsque, voulant chercher la durée du film, j'avais trouvé la fiche Wikipédia du film. Même animé des meilleures intentions du monde, il m'était impossible de ne pas lire la première ligne qui expliquait que Avant Toi était une "comédie dramatique". J'avais relativisé dans ma tête, dramatique ne veut pas dire tragique, un drame c'est juste l'expression profonde des émotions humaines (je dis ça, mais ne me croyez pas sur parole), ça ne signifie pas que la résolution ne peut pas être positive. Mais le film n'arrêtait pas de m'embêter avec des scènes pénibles qui laissaient entrevoir le pire entre les scènes de progression. Pourtant, arrivé à ce moment du film, j'étais rassuré. Que pouvait-il arriver maintenant ? Le gars avait résolu son dilemme intérieur, il avait lui-même demandé à Louisiana (c'est son nom dans le film) d'être avec lui. L'histoire était finie, bon, tout allait bien.

Vous voyez ce moment dans Mulholland Drive où on pense que tout va bien, "Betty" et "Rita" dorment tranquillement lorsque tout à coup la femme amnésique se réveille en criant Silencio et qu'après tout va mal et que le bonheur ne revient jamais ? (C'est le même concept que pour le dernier épisode de Twin Peaks lorsque Cooper sauve Laura Palmer avant de se retourner et de passer les dernières 45 minutes dans un monde vide et déprimant où tout espoir de retour vers la réalité est anéantie à la dernière seconde). La scène qui suit est l'équivalent de ce genre de moments (même si ça n'a aucun sens de comparer l'œuvre de Lynch avec cette chose).

Tout commence très bien, Louisiana (je vais l'appeler Louisiana jusqu'à la fin) s'amuse dans l'eau, elle rit, tout va pour le mieux. Le gars regarde Louisiana, mais il ne rit pas, il ne sourit pas, il a l'air sérieux et grave. Lousiana tente alors d'enlacer le gars mais il l'interrompt et annonce qu'il a un truc à lui dire (Je vous préviens, si vous êtes une âme sensible, je vous conseille de lire autre chose).

Le gars explique qu'il n'aime pas sa vie, que c'est trop compliqué et que ce n'est pas juste pour lui d'imposer ça à Louisiana. Il lui explique qu'elle serait bien plus heureuse sans lui qui l'empêche de faire ce qu'elle veut. Alors, Louisiana est triste, elle tente de dire que ce n'est pas vrai, que ça ne la dérange pas, qu'il ne lui impose rien, que c'est grâce à lui qu'elle a compris plein de choses sur la vie et qu'elle s'est débarrassée de Patrick et tout ça. Le gars fait semblant de ne pas comprendre et continue en disant que de toute façon leur situation était temporaire et qu'elle devait rester réaliste (je paraphrase un peu, mais c'est comme ça que je l'ai ressenti). Ensuite, il dit de la manière la plus naturelle qui soit qu'il souffre trop et qu'il va aller en Suisse pour que les docteurs mettent fin à ses jours. Daenerys pleure et tente de convaincre le gars qu'il ne faut pas. Puis, le gars continue dans l'horreur et, après tout ce qu'il vient de faire subir à cette pauvre Louisiana lui demande si elle serait assez gentille pour l'accompagner en Suisse parce qu'il aimerait qu'elle soit avec lui.

Dans les dernières pages de l'Etranger, Albert Camus écrit en parlant de Meursault qui commence à se révolter : "Alors, je ne sais pas pourquoi, il y a quelque chose qui a crevé en moi. Je me suis mis à crier à plein gosier et je l'ai insulté et je lui ai dit de ne pas prier." Ce n'est pas exactement comme ça que Louisiana réagit (c'est même exactement le contraire de ce que veut exprimer le narrateur) mais ça ne peut pas faire de mal de citer Camus. Louisiana est extrêmement choquée et elle explique précisément pourquoi au gars. Elle lui dit qu'il est égoïste, qu'elle lui a offert son cœur (cette expression m'a marqué) et que sa proposition est répugnante. Elle dit qu'elle aurait aimé ne jamais l'avoir rencontré et part, en le laissant tout seul sur la plage.

On pourrait penser que le film se termine ici, mais pas du tout, il continue. Nos héros prennent l'avion pour rentrer en Angleterre, Louisiana n'adresse pas la parole au gars de tout le voyage. Lorsqu'ils arrivent, Tywin et la mère du gars sont là. Louisiana va voir la mère, dit qu'elle est désolée et demande à ne pas être payée. La mère comprend ce que ça veut dire, la scène est difficilement supportable.

Louisiana est chez elle, elle est à table avec le reste de sa famille et le film n'est toujours pas fini. Forcément, on se questionne, pourquoi ne pas arrêter tout de suite ? Après tout, le gars est sûrement mort maintenant et tout ce qui est arrivé n'a servi à rien, que reste-t-il à voir ? Et là, le film décide d'utiliser un stratagème grossier pour nous pousser à accepter sa logique tordue (je dis ça mais je me suis fait avoir aussi, j'ai honte). La mère de Louisiana et Clara commence à râler contre le gars, que ce qu'il fait est mal, que c'est un crime. Brusquement, Clara prend la parole et critique sa mère en disant que c'est une situation compliquée (à ce moment, j'ai hurlé devant ma télé). La mère continue de hurler et dit que Louisiana en acceptant ça, est complice et que c'est comme si elle commettait un meurtre. Lors de cette scène, la caméra zoome sur la mère et on peut voir qu'elle porte une croix chrétienne autour du cou. Là, j'ai été bien embêté, le film voulait nous montrer que l'opposition à sa doctrine venait d'un personnage qui se référait à sa foi et à ses convictions religieuses. Pouvais-je, moi, humble spectateur, être du même côté que cette femme intolérante qui portait une croix et qui, plus tôt, faisait réciter le bénédicité ? Non, évidemment que non. Je me suis donc rangé du côté de Clara qui disait que tout cela était normal et acceptable.

Le film n'est toujours pas fini, Louisiana a une scène avec son père où il tente de la réconforter de la pire manière qui soit. Louisiana raconte qu'elle s'en veut de ne pas avoir réussi à changer le gars. Le père lui répond que de toute façon on ne peut pas changer les gens (ce qui est faux, mais bon). Lousiana est complètement désespérée et demande ce qu'on peut faire alors. Le père répond alors qu'on peut les aimer (ce qui ne veut rien dire en soi, mais ça a l'air d'amener une profonde réalisation pour Louisiana).

Louisiana se dit alors qu'il faut qu'elle voit le gars une dernière fois (pourquoi ? parce que son père lui a dit qu'on pouvait aimer les gens ?) et Clara l'accompagne. Cette séquence est très bizarre, parce qu'il y a une chanson triste par-dessus au cas où les gens n'auraient pas compris que c'était triste. Je ne vais pas détailler la fin outre mesure, mais elle se rend en Suisse, elle entre dans une chambre, le gars n'est pas encore mort. Elle s'allonge à côté de lui, le gars dit "le monde sera mieux sans moi" et ça se finit comme ça.

Sauf que le film n'est pas encore fini, parce qu'il y a encore une ellipse et qu'on se retrouve à Paris où l'on suit l'aventure imagée d'une feuille. Cette feuille tombe d'un arbre et s'ajoute à un tas de feuilles, puis un enfant arrive, tape dans les feuilles et les feuilles s'envolent dans plusieurs directions (est-ce une allusion à Forrest Gump ? je ne sais pas). Nous sommes à Paris, Place Dauphine, dans le café dont parlait le gars au milieu du film. Lousiana est à une table, une serveuse lui parle en français et elle lui répond en français aussi (j'étais très impressionné). Louisiana a une lettre avec elle, un peu comme Hastings dans Hercule Poirot quitte la scène ou le Docteur dans The Angels take Manhattan où le gars qui est mort lui écrit pour lui dire des trucs. Le gars lui explique qu'il lui a laissé beaucoup d'argent (pas trop pour qu'elle n'ait jamais besoin de travailler, mais quand même assez pour qu'elle puisse faire ce qu'elle veut) et d'autres trucs que j'ai oubliés. Louisiana sourit (en fait, je sais plus, mais elle doit bien sourire) et la caméra fait un zoom arrière et on voit qu'elle porte les collants "bumblebee". Dans la dernière scène, elle marche dans Paris, au loin on voit la Tour Eiffel.

Voilà, c'était le film de France 4 du dimanche soir. C'était rigolo, hein ? (non). Le pire, c'est que si vous avez réussi à tenir devant ça, on vous proposait un autre film juste après, Si je reste. France 4 le présentait de la manière suivante "Chloë Grace Moretz tombe dans le coma et se pose la question de sa survie" (c'était pratiquement ça). Donc j'ai dit non, je ne vais pas regarder ça, et j'ai éteint mon poste de télévision avant de chercher sur Internet ce qui expliquait ce film.

La première chose que j'ai remarquée c'est que Patrick, le con, était joué par Matthew Lewis. Vous savez, c'est le gars qui joue Neville Londubat dans Harry Potter. Je ne l'avais pas reconnu parce qu'il a quand même beaucoup changé en grandissant et qu'on a déjà établi que je n'étais pas le meilleur pour reconnaître les visages.

La deuxième chose que j'ai remarquée c'est que le film est adapté d'un bouquin Me Before You. J'ai ensuite appris avec stupeur, qu'il y avait une suite After You (vous voyez le niveau), et qu'il y avait même un troisième bouquin Still Me. J'ai lu le résumé Wikipedia de After You, je refuse d'en parler ici car c'est complètement ridicule et insultant.

Je ne l'avais pas vraiment remarqué mais autant le mettre ici, le gars qui joue le gars, il joue dans Hungers Games 2 et 3.1 et 3.2 le rôle de Finnick. C'est un des anciens champions et à la fin il meurt et il est avec Johanna si je me souviens bien. Moi, ça ne me dit rien, mais je mets ça là si ça intéresse quelqu'un.

Le truc intéressant, c'est que dans l'article Wikipedia, il y a toute une section Controversy où ils expliquent qu'il y a plusieurs personnes qui n'ont pas vraiment aimé le message du film. Les personnes handicapées n'ont pas apprécié qu'on leur dise qu'elles étaient un poids et qu'elles devaient se suicider pour ne plus embêter leurs proches. Un hashtag détournant le titre du film a été lancé pour dénoncer cette conclusion #MeBeforeEuthanasia. Et vous savez quoi ? Ces gens ont parfaitement raison. J'étais trop obsédé par Emilia/Daenerys/Lou et son humiliation pour voir les choses sous cet angle mais c'est horrible. On dirait que ça a été écrit par Karl de la photocopieuse de Love Actually.

En conclusion, je pense qu'il est urgent que l'Etat prenne ses responsabilités et fasse fermer France 4 parce que leur film horrible m'a occupé toute la semaine. (11/01/2019)

Notes

* Je n'ai pas tenu ma promesse, et j'ai malencontreusement appelé Louisiana Daenerys à un moment dans cet article, je vous prie de m'excuser pour cette grossière erreur.

* Il semble que j'ai passé tout l'article à appeler Louisa Louisiana, alors que ce n'est même pas un prénom, et je ne sais pas vraiment pourquoi. Je vous prie de m'excuser pour cette grossière erreur.

Catégories : Télévision Me Before You

← La "fin" du film avec Emilia Clarke ACCUEIL Le réalisme d'un grand monsieur →