La difficile partition du quinquennat

Le président de notre grand pays a eu une formidable idée, l'organisation d'un grand débat national. Je ne suis pas ici pour juger du bien-fondé de cette démarche ni pour débattre (hihi) de son utilité, mais je me suis posé la question de comment ce sujet était traité à la télévision. Je me suis donc dirigé sur ce qui se rapproche le plus dans ce pays de la "vision médiatique générale" : BFMTV.

BFMTV était toute excitée des annonces du président et avait installé des jolis bandeaux partout pour suivre les exploits de notre chef d’État. L'un deux attira mon intention, il disait que c'était le début de l'acte II du quinquennat. Alors là, j'ai hurlé devant mon poste de télévision. Je ne comprenais pas qu'on puisse faire une telle erreur, l'acte II du quinquennat était déjà enclenché, il avait même commencé plusieurs fois, je m'en souvenais.

J'ai donc cherché sur Internet d'où venait cette notion bizarre d'acte II. Pour une fois, ce n'est pas la faute de BFMTV, en effet, elle n'a fait que reprendre la formulation du porte-parole du gouvernement, monsieur Griveaux. Nous devons donc traiter une seconde question, qu'est-ce qui a piqué monsieur Griveaux ?

Non seulement cet élément de langage est idiot, il est dépassé. Dès septembre dernier, dans un tweet, Gérald Darmanin (l'intitulé de son poste se trouve sur cette page) se félicitait de l'adoption du budget 2019 comme la marque de l'acte II du quinquennat. On pourrait dire qu'il n'y a pas de contradiction puisque le budget 2019 s'applique à 2019 et que nous sommes actuellement en 2019, que Darmanin et Griveaux parlent de la même chose et que tout va bien dans le meilleur des mondes et que les gens de bonne volonté se retrouveront pour boire du Coca-Cola Zéro jusqu'à la tombée de la nuit en écoutant les plus grand succès du groupe ABBA, mais ce n'est pas vrai.

Dans le discours de Griveaux, il ne parle pas d'un acte II par rapport à une durée ou à la mise en place du budget, il en parle par rapport au Président qui a décidé de lancer un procédé inédit et innovant pour dépoussiérer la démocratie. D'ailleurs pour souligner la différence, je vais vous faire remarquer que ce grand débat s'organise suite au "mouvement" des Gilets Jaunes mais lorsque Darmanin a mentionné l'Acte II du quinquennat, c'était bien avant même l'Acte I des vestes fluo.

C'était bien amusant, mais je ne pensais pas à ça au début de l'article. Ce que j'avais en tête, c'était des moments où les commentateurs/éditorialistes avaient fait la remarque que "On entre dans la deuxième phase du quinquennat". Malheureusement, je n'en ai pas trouvé autant que je l'espérais, j'ai été un peu déçu. J'ai juste trouvé deux éditos de Alain Duhamel où il annonce l'acte II du quinquennat, l'un au début de l'année 2018 et l'un en octobre suite au remaniement de dix jours après la démission de monsieur Collomb. Si on compte ces deux actes Actes II plus ceux de Darmanin et Griveaux, on trouve quatre Actes II en seulement un an. J'ai hâte de voir les élections européennes pour savoir si on arrive enfin à l'Acte III. (18/01/2019)