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Le triomphe des conservateurs

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Nous nous nous y attendions mais cela reste quand même un coup dur. Ayons une pensée émue pour nos voisins qui viennent de donner une large majorité aux conservateurs de Boris Johnson. Nous savions tous que Johnson allait gagner une majorité, mais il y a une différence entre 330 sièges et 365. Comme vous pouvez le voir sur l'image au-dessus les conservateurs ont obtenu leur meilleur résultat depuis les années 80 et l'apogée du thatchérisme. Le vrai sujet n'est cependant pas le bon score des conservateurs mais l'effondrement du parti travailliste qui n'était pas tombé aussi bas depuis la seconde guerre mondiale.

J'ai regardé l'annonce des résultats hier soir sur la BBC et j'ai vu quand ils ont diffusé leur "exit poll" (sondage à la sortie des urnes) qui donnait le parti travailliste à moins de 200 sièges. Les journalistes se réjouissaient (ceci est mon interprétation personnelle) de cette situation et répétaient que grâce à sa nouvelle majorité, Johnson allait pouvoir enfin faire ce qu'il désirait. La reconduite de Boris Johnson était une bonne chose car les présentateurs répétaient que les marchés financiers étaient très contents. Après, on commença à lire des messages d'élus travaillistes qui expliquaient que tous leurs problèmes venaient d'un seul homme, Jeremy Corbyn, et de son horrible programme d'extrême-gauche. Lorsque les premières circonscriptions dévoilèrent leurs résultats, la télévision nous expliqua d'où venait le problème : une partie des électeurs travaillistes avait voté pour le Brexit Party de Nigel Farage (ce qui est un vote assez curieux puisque c'est un petit parti qui ne pouvait gagner nulle part). Il est assez intéressant de remarquer que ce phénomène est assez fréquent dans l'ensemble du pays, plus une circonscription avait voté pour le Brexit, plus les travaillistes avaient perdu des voix. Il est possible que malgré tous les problèmes de Corbyn (réels et inventés) la polarisation autour du Brexit rendait toute victoire de l'opposition impossible alors que les conservateurs étaient devenus le véritable parti du Brexit. Les Libéraux-démocrates ont aussi vu leur part du vote augmenter depuis 2017 mais malheureusement pour eux cela ne s'est pas traduit par une augmentation du nombre de leurs sièges. Ils ont même perdu un siège au total, notamment Jo Swinson (leur leader depuis le mois de juillet) a perdu son élection et a aussitôt démissionné.

Corbyn va bientôt s'en aller (il n'a pas encore dit quand mais il est obligé de partir) et les travaillistes vont se trouver un nouveau leader. Espérons pour eux qu'ils choisiront quelqu'un qui plaira à la BBC et n'effraiera pas les marchés financiers, quelqu'un qui appliquera le programme conservateur mais en étant gentil. De toute façon, il parait très peu probable que le parti arrive à regagner tout ce qu'il a perdu en un seul cycle électoral et il est probable que les conservateurs restent au pouvoir pour au moins dix ans. L'image internationale de cette élection doit quand même nous inquiéter. En effet l'image du vieux papy socialiste, idole des jeunes que l'on appliquait au pauvre Jeremy est aussi appliqué à notre camarade Bernie Sanders. Cela n'aide pas que Sanders avait soutenu Corbyn pour cette élection. Il faut donc s'attendre à voir de la part des conservateurs et des commentateurs politiques la preuve que la défaite de Corbyn implique forcément la défaite de Sanders. Nous n'avons même pas la peine d'aller chercher aussi loin, dès aujourd'hui Joe Biden (dans l'anglais approximatif dont il a l'habitude) expliquait avec tristesse que "si on va trop à gauche, on se retrouve avec des idées qu'on ne peut pas justifier de manière rationnelle. Regardez Boris Johnson qui est comme Trump, il peut gagner" (ceci n'est pas une traduction littérale des propos de Biden, ne m'attaquez pas pour diffamation).

Lorsque je me suis réveillé ce matin, j'ai vu que l'exit poll avait sous-estimé les travaillistes et surestimé les écossais du SNP. En fait les travaillistes avaient dépassé le seuil symbolique de 200 sièges (même si ça ne change strictement rien à l'analyse et à la situation). Il est intéressant de noter aussi la montée des sécessionnistes en Irlande et en Écosse, la première ministre écossaise a déjà demandé la mise en place d'un second référendum sur l'indépendance de l’Écosse (le but étant de rester dans l'Union Européenne en dehors du Royaume-Uni). (13/12/2019)

Notes

* Si vous voulez voir comment mes prédictions se sont révélées bien plus proches de la réalité que le reste des professionnels, cliquez ici.

Catégorie : Politique

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