Le Grand Débat du service public pour sauver les élections

Aujourd'hui nous allons encore parler de mon sujet favori : les élections européennes. Vous vous souvenez que dans mon dernier article, j'avais tenté de faire un récapitulatif des différentes listes. J'avais décidé arbitrairement de ne prendre en compte que les liste qui atteignaient au moins 5% dans les sondages (5% est le seuil qui permet d'obtenir des élus au parlement européen). France 2 s'est aussi posée la question lorsqu'elle a décidé d'organiser un grand débat réunissant les têtes de liste sur un même plateau (vous vous souvenez aussi de la fascination qu'ont les chaînes télévisuelles pour ces têtes de liste). France 2 a dû vite se rendre compte qu'il n'était pas judicieux d'inviter n'importe qui sur son plateau. En effet, certains partis insignifiants prévoient de participer et il n'est pas raisonnable d'imaginer un participant du Parti Animaliste reçu au même niveau que le grand Raphaël Glucksmann ou que le jeune du Rassemblement National, ce serait indécent. France 2 avait donc une liste des sept têtes de liste à inviter. Les sept têtes de liste correspondaient d'ailleurs parfaitement à mes propres conclusions ce qui prouve que France 2 lit mes articles.

Malheureusement, certaines personnes n'étaient pas satisfaites de ce choix. Les têtes de liste ne dépassant pas 5% dans les sondages invoquèrent la démocratie et le pluralisme pour pouvoir participer. France 2 fit donc de la place pour Jean-Christophe Lagarde de l'UDI (qui oscille entre 2 et 4%) et plus étonnant Ian Brossat du PCF (qui ne dépasse pas les 2%). Le PCF ne mettait pas en avant ses sondages mais plutôt leur légitimité en tant que parti historique qui avait encore des élus. L'hypocrisie était énorme, ils relayaient des messages Twitter qui disaient "Le Parti Communiste Français est un parti centenaire qui compte encore de nombreux maires et France 2 en refusant de nous inviter à un débat bafoue la démocratie" (ceci n'est pas une citation mais un résumé de l'esprit général des plaintes, ne me poursuivez pas pour diffamation).

Seulement, maintenant que France 2 avait fait des exceptions pour les deux petits partis, il devenait compliqué de justifier l'absence d'autres listes. Quelle était la limite ? Ce n'était plus 5%, était-ce 2% ? Il est amusant de noter que la liste de Benoît Hamon dépassait dans les sondages systématiquement la liste du PCF mais qu'il n'avait pas été invité. Hamon trouvait cela injuste à juste titre. Une explication possible est que le mouvement de Hamon n'a même pas deux ans d'existence et que ses représentants nationaux se comptent sur les doigts d'une main (1 député, 1 sénatrice, 3 députés européens). Le problème, c'est que ce sont des élections européennes, on ne devrait tenir compte que des représentants au Parlement Européen. Combien d'élus au Parlement Européen pour le PCF ? Trois ! Le nombre est identique ! Même s'il est vrai qu'à une époque le PCF était le premier parti de gauche en France, c'était il y a 40 ans. Le fait de s'accrocher à une momie qui bouge encore lorsqu'on souffle sur ses bandelettes n'est pas une raison pour s'imposer sur le service public. Malheureusement pour Hamon, ses soutiens sont moins actifs que les derniers communistes et France 2 n'a pas daigné lui ouvrir ses portes.

Dans un retournement de situation inattendu et complètement absurde, le tribunal administratif de Paris a décrété que France 2 devait inviter non seulement Hamon, mais aussi Philippot (Président de Les Patriotes) et Asselineau (Président de l'Union Populaire Républicaine). Pourquoi Philippot et Asselineau, deux candidats qui frôlent les 1% dans les sondages plutôt que d'autres candidats qui sont au même niveau ? Je ne sais pas vraiment, mais suite à cette décision les trois compères se retrouvèrent invités au débat de France 2. Le débat des 7 devint donc le débat des 12, quasiment le double. Comme la durée de l'émission est fixe, cela veut aussi dire que le temps de parole est lourdement réduit pour chaque personne, mais bon au moins cet exercice est représentatif de la société française (non). Bientôt, si vous êtes sages, et si je suis courageux, je vous raconterai ce qui s'est passé dans cette terrible émission. (04/04/2019)