Nous y voilà enfin, après tant de retournements de situation et de bouleversements, le grand débat peut enfin commencer. Les 12 pupitres sont installés, souvenez-vous qu'à l'origine il n'y en avait que 7, les candidats vont arriver sur le plateau pour une émission qui va durer très longtemps (plus de trois heures). L'émission commence après 21h00 bien sûr, puisque nous sommes en 2019 et que plus rien ne commence à l'heure de nos jours.
L'émission démarre sur nos deux présentateurs qui tentent de présenter les enjeux de l'élection avant d'appeler les différentes têtes de liste sur le plateau. Cette scène était vraiment très réussie, on se serait cru au cinéma dans Douze Hommes en colère (même si, comme nous sommes en 2019, la société a évolué, là deux femmes avaient eu le droit de participer). L'ordre d'arrivée était sûrement aléatoire comme il est d'usage dans ces émissions, car je ne parviens pas à trouver une cohérence. Je ne vais pas décrire cet arrangement car vous pouvez le voir sur la photo en haut de l'article. Dès le début, on a pu remarquer que France 2 n'avait pas perdu le sens des priorités. Au lieu d'autoriser les candidats à se placer derrière leurs pupitres, on leur a demandé de se placer tous côte à côte au milieu du plateau pour que l'équipe technique puisse les prendre en photo. Les présentateurs avaient fait remarquer que c'était la première fois qu'ils étaient tous réunis sur un même plateau et qu'il fallait donc faire la première photo de la campagne. Vous remarquerez les efforts que fait France 2 pour persuader les téléspectateurs que ces élections européennes sont importantes. Vous vous rappellerez aussi que nous ne sommes pas encore officiellement en période de campagne et que ces 12 listes potentielles n'ont aucune légitimité supérieure aux autres listes non présentes.
Après la photo, les têtes de liste ont eu le droit de se placer derrière leurs pupitres. Ensuite, les présentateurs ont fait un grand tour de table en présentant individuellement chaque tête de liste. La présentation était la suivante : prénom, nom, âge, parti politique qui se rapproche le plus de la liste incarnée, deux informations pour situer la personne. Pour les personnalités politiques, il était facile de trouver deux informations (député, ancien ministre, candidat à la présidentielle, président de parti...) mais pour les autres c'était plus compliqué, le plus drôle était le portrait de Raphaël Glucksmann : Essayiste, Réalisateur de documentaires.
Maintenant qu'on a fait le tour de tout le monde, le débat va-t-il commencer ? Non, car malheureusement, France 2 a confondu "Comment organiser des débats politiques à la télévision ?" et "Comment organiser des activités à l'école primaire ?". Dans la séquence qui a suivi, chaque tête de liste devait se présenter pendant une minute avec un objet de son choix. Chic, tout le monde avait dû s'embêter à trouver un accessoire rigolo pour qu'on parle d'eux sur les réseaux sociaux, ça va être très enrichissant. Au passage, ceci n'est pas une nouveauté, France 2 avait fait le même coup pour le dernier débat avant l'élection présidentielle. L'ordre de présentation des objets était encore un autre ordre que l'ordre de présentation, je suppose que c'était pour créer une forme de suspense chez le téléspectateur qui ne savait pas qui allait parler quand.
Le premier à présenter son objet fut François Asselineau (je pense que c'était truqué et qu'ils voulaient se débarrasser de lui le plus vite possible). François Asselineau, qui dispose d'une exposition médiatique quasi-nulle, ne voulait pas perdre une seconde d'attention, il est donc arrivé avec une paire de menottes fantaisie. Les menottes étaient peintes au couleurs du drapeau de l'Union Européenne avec les douze étoiles jaunes. C'était en fait une subtile métaphore pour signifier que l'UE était une prison. Fort heureusement, François Asselineau n'est pas un homme pessimiste, il a une solution à nous proposer, il avait aussi amené une petite clé pour nous libérer des vilaines menottes. Cette petite clé était peinte en bleu, blanc et rouge, les couleurs du drapeau français. Vous avez compris ? C'est beau, hein.
Le deuxième à s'exprimer fut Florian Philippot (vous n'allez pas me dire que l'ordre n'est pas truqué, comme par hasard, les deux partisans du Frexit sont expédiés dès le début) qui avait amené une baguette de pain. Parce que la baguette de pain, c'est français et que nous, on est français aussi, c'est important d'être français.
Ensuite Nicolas Dupont-Aignan nous a montré son joli jouet : un avion miniature. C'était un Airbus et Dupont-Aignan aime bien l'Airbus parce que c'est l'Europe qui a marché avant, mais maintenant elle ne marche plus.
Le Jeune du FN est venu avec une passoire, parce que "l'Europe, c'est une passoire !". C'est tout.
Jean-Christophe Lagarde est venu avec des petits cailloux, qu'il prétend être des morceaux du Mur de Berlin, ce dont je doute fortement.
Manon Aubry n'a pas compris le concept de l'émission, elle est venue avec un faux chèque de cinq milliards d'euro pour les plus riches. C'était pour critiquer le chèque que signait Macron aux plus riches et c'est bien, mais nous ne sommes pas encore au grand débat de l'élection présidentielle.
Ian Brossat, le jeune communiste qui avait bataillé pour pouvoir participer, a apporté le bracelet de naissance d'une petite fille appelée Olympe. C'était pour protester contre la fermeture des maternités et des services publics pour les petites gens.
François-Xavier Bellamy m'a complètement perdu, il a apporté un livre. Au début, je pensais que c'était la Bible, mais en fait c'était l'Iliade et l'Odysée d'Homère. Il a dit qu'il voulait qu'on se souvienne des racines de l'Europe et qu'il ne fallait pas que la société se fracture. J'ai pas trop compris parce que les trois-quarts des bouquins ne se passent pas en Europe, mais bon.
Yannick Jadot a apporté du miel parce que le miel, les abeilles, l'écologie tout ça, c'est bien.
Benoît Hamon est venu avec un gilet de sauvetage pour exposer un paradoxe. L'Europe a sauvé les banques en 2008 mais pas les migrants en Méditerranée.
Raphaël Glucksmann était très mal à l'aise parce qu'en fait il avait apporté des restes du Mur de Berlin mais Lagarde l'avait fait avant lui alors c'était rigolo. Par contre, il n'a pas pu s'empêcher de rajouter que c'est son père qui lui avait rapporté les morceaux de Berlin.
Bon, maintenant que tout le monde a parlé, il est temps de donner la parole à la représentante du pouvoir en place pour expliquer à tout le monde comment il fallait faire. Nathalie Loiseau a apporté du piment d'Espelette et je ne sais pas pourquoi parce qu'à ce stade, ça faisait un quart d'heure que l'émission avait commencé et j'en avais marre alors j'ai éteint. Si j'ai la force de regarder le reste en replay, je raconterai la suite, mais ne comptez pas dessus. (10/04/2019)
Notes
* J'ai essayé de capter une partie du débat plus tard dans la soirée, mais c'était devenu une émission de TPMP où tout le monde devait dire s'il était POUR ou CONTRE une proposition.